La Contrefaçon

vous avez dit Champagne ?

Contrefaçon... Un univers (im)pitoyable et illégal démasqué avec André Enders, Directeur du Comité Interprofessionnel des vins de Champagne.

 Réplique de nos bouteilles, demi ou quart "champagne" contenant soit un bain moussant, ou une petite culotte, boissons "pétillantes" anglaises ou éthiopiennes, cigarettes, gaufres, pétards chinois, etc...

La collection d'André Enders en dit plus qu'un long discours sur le détournement de l'habillage, du contenu et de l'appellation !

Boisson mythique liée au succès et à la fête, le champagne a vu sa notoriété pillée sans vergogne à des fins (jamais innocents) de marketing...au goût sauvage sur l'air inavoué de "ta renommée m'intéresse".

L'ensemble se traduit par des produits sans rapport aucun avec la référence, disqualifiant un art de vivre et de faire unique au monde.

"La contrefaçon est préjudiciable à notre communauté professionnelle comme au public" répond André Enders, qui défend ardemment la réputation du champagne, source de fierté du plus petit viticulteur à la plus grande maison de champagne.

 Du reste, le C.I.V.C a déjà accompli un gros travail sur l'espace européen, ou s'effectue 75 % de la consommation mondiale.

Le droit communautaire lève d'ailleurs toute ambiguïté sur cette question.

Hélas, sa traduction (un brin élastique) en langue anglaise a permis, côté justice, de laisser jouer le vieil adage d'Albion : "attendre et voir".

Ainsi, le combat contre l'usurpateur "Elderflower" ("introuvable, imbuvable") n'est-il pas tout à fait remporté ?

Mais l'affaire, suivie par la presse internationale "peu tendre avec les imitateurs" a eu le mérite de relancer le débat.

Le prestige et en toile de fond l'emploi sont en jeu dans cette drôle de guerre là.

En ce domaine, du moins, l'artifice ne mérite pas de pétiller. Au C.I.V.C., on entend que les tricheurs se le tiennent pour dit !!!

(article du journal de "la ville de Reims information")

Il n'est Champagne qu'en Champagne :

dès 1848, soit un demi-siècle avant la naissance des appellations d'origine contrôlée (AOC), la

justice française reconnaissait ce droit

aux Champenois, par un arrêt de la cour

de cassation condamnant du "Champagne" élaboré dans la Loire.

En 1960, un procès fit grand bruit à Londres, celui du "Spanish Champagne", qui aboutit à l'interdiction de toute contrefaçon dans le droit britannique. Trente ans plus tard, pour les mêmes raisons, un des plus importants producteurs australiens s'est retrouvé condamné par la Nouvelle-Zélande. Ce qui a encouragé l'Australie à faire cesser toute contrefaçon dans un délai de deux années. Mais sans attendre cette échéance, les viticulteurs et négociants, soucieux de préparer le marché, ont déjà abandonné "de facto" l'usage du mot (c'est le cas pour un petit producteur, qui s'était taillé un certain succès avec son nom "Dom Peri Non Champagne).

Cependant la contrefaçon reste d'actualité dans des pays aussi importants que les Etats-Unis, la Russie, l'Argentine ou le Chili. La marque américaine Ariel a malgré tout pu être condamnée à cause d'un produit d'une rare originalité : du "Champagne sans alcool" (il existe aux Etats-Unis des vins "désalcoolisés". Mais si cette bouteille n'existe plus dans l'Etat de New-York, ce n'est pas pour l'utilisation frauduleuse d'un nom d'appellation, c'est parce que la réglementation fédérale, édictée pour combattre les fraudes plus répandues au XIXe siècle, interdit de mentionner du Champagne sans alcool.

La France, pour sa part, n'a pas non plus été toujours exemplaire, loin s'en faut. Dans les années quatre-vingt, il fallut s'attaquer à la Seita, qui eut le front d'appeler de ce nom sacré l'un des produits cancérigènes qu'elle commercialise. La violation de la loi était d'autant plus grave qu'elle venait d'une société d'Etat, placée alors sous l'autorité d'un secrétaire d'Etat du budget dont on a beaucoup reparlé depuis, Maurice Papon.

En 1993, la profession a également dû engager un procès, en France et en Allemagne, afin d'interdire le parfum "Champagne" lancé par Yves Saint Laurent. Parfum qui connut durant ses six mois d'existence un grand succès commercial. Mais l'anecdote la plus touchante vient sans doute de ce consommateur néerlandais, entré chez un négociant d'Epernay avec une bouteille d'un Champagne qu'il avait adoré, et qu'il avait beaucoup de mal à retrouver, de la marque Ruwet : c'était du Cidre !

(article de "l'Amateur de bordeaux" hors série novembre 1999)

L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTE, A CONSOMMER AVEC MODERATION